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Grand-Duc du désert - Pharao's Eagle Owl
20 février 2010

Sheikh et Sheikha: une équipe soudée et organisée.

Tout au long de la semaine, j'ai repensé à cette rencontre hors du commun.

J'ai veillé à identifier l'oiseau: aucun doute n'est possible. Il s'agit d'un grand-duc du désert ("Pharao's eagle owl", pour les Britanniques, et "bubo ascalaphus", pour les érudits).

A la fin du jour, je suis de retour sur le petit piton de grès. Connaissant désormais les lieux, je veille à conduire mon approche avec une extrème discrétion, en marchant sur le sable de préférence, et sous le vent de la petite butte.

Alors que je suis sur le point d'atteindre le nid, l'envol d'un grand-duc à deux pas de moi, me fait sursauter: l'adulte devait se tenir tout près des petits, sur le balcon de l'aire. Il plane quelques secondes avant de se poser sur la barrière à bestiaux, distante de 30 mètres, environ, en m'invectivant de ses "hou!" répétés.

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Il ne tarde pas à se réfugier derrière un buisson vert, de l'autre côté de la barrière, à 50 mètres de moi, environ.

Remis de mon émotion, je continue à m'avancer très lentement dans la direction du nid, que je devine, plus que je le vois vraiment.

Soudain, un deuxième oiseau, plus sombre que le premier, et qui me paraît un peu plus grand, s'envole à son tour, franchit la barrière à bestiaux, et se pose immédiatement de l'autre côté, d'où il me jette des regards furieux.

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Je repense à ce que j'ai lu à propos du grand-duc du désert: le premier oiseau, le plus petit, à s'être envolé est très vraisemblablement le mâle, nourrissier. Le second, qui est resté jusqu'au dernier moment auprès des petits, est la femelle.

Puisqu'il s'agit, après tout, d'un duc, et d'une duchesse en majesté, je décide de les surnommer Sheikh ("Seigneur") et Sheikha.

C'est donc bien Sheikha que j'ai rencontrée la première, la semaine dernière, alors que Sheikh était vraisemblablement déjà parti pour la chasse.

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Inquiète de me voir m'approcher du nid et de sa couvée, Sheikha me gratifie alors d'une danse étonnante: tout en vociférant ainsi qu'elle l'a déjà fait la semaine dernière, elle gonfle ses deux ailes, et s'accroupit sur le sol, en rentrant la tête dans les épaules. De ses serres puissantes, elle laboure nerveusement le sable, un peu à la manière d'un taureau, en se dandinant d'une patte sur l'autre.

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Le message est clair: aujourd'hui, on n'approche pas du nid!

Pour montrer que j'ai bien compris le message, je me détourne du nid, et je marche nonchalemment vers l'oiseau.

Ainsi qu'elle l'a déjà fait à plusieurs reprises, la semaine dernière, Sheikha se décide à s'envoler lorsque je ne suis plus qu'à une vingtaine de mètres d'elle, et s'en va rejoindre son compagnon, derrière son buisson de verdure.

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A l'endroit que Sheikha vient de quitter, je trouve un superbe dessin, formé par la trace harmonieuse que les rémiges de l'oiseau ont gravée en rond, dans le sable fin.

Au centre, comme pour signer l'ultimatum: les deux rails profonds, creusés par les puissantes serres.

Quelle éloquente démonstration!

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Chacun de mes faits et gestes, à cet instant précis, est épié avec beaucoup d'attention, par deux paires d'yeux fauves, distantes d'une trentaine de mètres: tout en maîtrisant leur inquiétude, Sheikh et Sheikha m'observent très sérieusement, assis côte à côte parmi les verts branchages du buisson qu'ils ont choisi comme refuge.

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Je décide de remonter vers le nid, dans l'espoir de revoir les deux petits, huit jours après ma première visite.

Sheikh décide, alors, qu'il y a lieu d'agir: alors que je ne suis plus qu'à cinq mètres du nid, il franchit à nouveau la barrière à bestiaux, et vient se poser sur le bord d'une petite dune de sable clair, une vingtaine de mètres derrière moi.

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Dans le soleil couchant, l'oiseau est magnifique. Les plumes sont légèrement hérissées, et il impose bravement sa présence à l'intrus que je suis, et qui pèse pourtant cinquante fois plus que lui...

J'en profite pour prendre une douzaine de clichés, puis je fais mine de l'ignorer, pour me rapprocher encore du nid.

L'oiseau décolle à nouveau, pour venir se poser à une quinzaine de mètres de moi, près d'un nouveau petit buisson, avec lequel son plumage tend à se confondre.

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Je décide alors de ne pas aller plus loin, afin de ne pas risquer l'attaque, puis la confrontation.

Sheikh a très intelligemment défendu son territoire, non par la violence, mais par la dissuasion progressive, en signalant clairement et courageusement à son visiteur importun, qu'il se rapprochait de la limite à ne pas dépasser.

Très lentement, à nouveau, j'affecte de marcher dans la direction de l'oiseau, pour me rapprocher de lui.

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Sheikh m'observe silencieusement, jusqu'au moment où je me trouve à une vingtaine de mètres. Et notre jeu favori recommence: à chaque fois qu'il s'éloigne de moi, je marche calmement droit dans sa direction, jusqu'à ce qu'il redécolle, et ainsi de suite...

Comme le soleil décroît désormais rapidement sur l'horizon, je décide de tenter d'utiliser notre petit jeu, à des fins de mise en scène.

En deux ou trois manoeuvres successives, je parviens ainsi à aligner le soleil, Sheikh, mon objectif, et le nid: il n'y a plus quà déclencher une bonne douzaine de fois, plein cadre, pour saisir la silhouette particulièrement esthétique de Sheikh, en contre-jour sur les dunes.

La nuit est déjà tombée, lorsque j'atteins la voiture, encore tout ému par cette rencontre appuyée avec le couple de grands-ducs.

Ils m'ont paru très organisés, Sheikha veillant à la garde rapprochée des petits, et Sheikh assurant avec beaucoup d'intelligence, et une grande économie de moyens, la défense de son territoire.

Je sais déjà, en reprenant la piste de sable, que je reviendrai pour en savoir plus.

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Grand-Duc du désert - Pharao's Eagle Owl
  • Observations et images paisibles d'une série de rencontres hors du commun, "au milieu de nulle part", avec un couple de Grands-Ducs du désert [bubo ascalaphus] et leur progéniture, en Février-Mars 2010, et en Janvier-Mars 2011.
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